Ite, missa est.
Voilà. Les enfants sont au courant de la situation. Nous les avons littéralement "assommés" ; après l'hébétude, les larmes, les questions, ils se sont effondrés de sommeil...
J'espère que nous avons trouvé les mots justes, qu'ils ont compris que c'est notre relation amoureuse que nous avons décidé de mettre entre parenthèse par cette "mise à distance", pas notre mission de parents. J'ai dû expliquer à L. qu'il n'avait pas à s'inquiéter ni à culpabiliser du temps passé avec son père sans moi ; que je me réjouirais des bons moments qu'ils passeraient, son frère et lui, avec leur papa ; que c'est à nous, leurs parents, adultes, de les protéger et de les rassurer, pas à eux de s'inquiéter pour nous ni de se sentir coupable d'être avec l'un et donc "d'abandonner" l'autre...
Pour l'instant, L. est dans le déni. Il trouve des périphrases pour ne pas dire "séparation", il tente de se persuader que c'est l'affaire de quelques semaines, puis que tout va rentrer dans l'ordre, que nous serons à nouveau tous réunis, "comme avant"... Nous avons encore beaucoup à faire pour lui permettre d'affronter la réalité... Il s'inquiète beaucoup de tout ce qu'il ne pourra plus partager avec son père : le câlin du soir, les parties de foot dans le jardin, les parties de game-cube...
Quant à nous, adultes, il va nous falloir apprendre à renoncer à l'intimité, entrer dans la phase de sevrage : sevrage du corps de l'autre, de la tendresse de l'autre, des petits baisers légers comme des ailes de papillon déposés au bord des lèvres, au creux de la paupière ou de la main, tous ces petits gestes qu'on faisait sans y penser, et qui participaient à maintenir le lien vivant entre nous, malgré tout... Il faut le laisser mourir, le regarder agoniser sans rien dire, sans rien faire, ne plus le susciter / ressusciter. Vivre et laisser mourir...