Tentative d'intimidation
Je tente de comprendre, je t’interroge, et comme tu te sens mis en accusation,
alors tu deviens accusateur à ton tour. Parce que je pose mes limites, parce
que j’ai le courage que tu n’as pas, te voilà poussé dans tes retranchements,
et tu retrouves tes bons vieux réflexes ; la meilleure défense, celle à
laquelle tu as toujours eu recours, l’attaque. Mais c’est fini, ça ne marche
plus. Je ne me laisserai plus définir par toi, ni réduire à ce que tu dis ou
penses de moi, je sais qui je suis, je sais ce que je vaux, - même si ce n’est
pas grand chose, - et si tes attaques me font mal, je ne les laisserai pas me
détruire, elles ne me laisseront plus déchirée et pantelante comme autrefois.
Tu m’accuses à nouveau de
t’avoir « abandonné » au bout de 15 ans, mais tu ne vois donc pas que
c’est toi qui as fui ? Tu n’as pas attendu 15 ans, il ne t’as fallu que
trois ans, et la naissance de T. pour fuir, pour commencer à t’étourdir, à
t’oublier dans le travail, comme un forçat, un forcené. C’est toi qui m’as, qui
nous as abandonnés. Oui Môssieur ! Les enfants et moi, - quoiqu’il
t’en coûte, je sais que ça n’est pas agréable à entendre, - tu nous as
abandonnés ! A nous les soirées maussades et les week-ends de travail, à
Elle et à d’autres, les week-ends de partage et les soirées de douceur et de
folie ! Tu as bien su trouver pour Elle la disponibilité que tu n’as plus
pour nous depuis longtemps…
Oh oui je suis en colère,
et comme elle est bonne, cette colère, elle est comme une source d’où jaillit
l’énergie du désespoir ! Je n’en peux plus d’être ta « mauvaise
mère » de substitution, d’être ton miroir à déjections, ta poubelle !
Tu veux vraiment qu’on fasse le compte des petites méchancetés ordinaires, des
blessures, des humiliations, volontaires ou inconscientes, qu’on s’est
infligées mutuellement ? Veux-tu vraiment venir jouer sur ce
terrain-là ? Tu es sûr de gagner, tu es trop fort, je déclare forfait, je n’ai pas assez de
bassesse pour faire le compte des tiennes à mon égard. Qu’importe, je suis passée
à autre chose, moi.
Tu as l’éternité pour
profiter du petit enfer que tu t’es construit si minutieusement et dans lequel
tu sembles te complaire ! Oui, tu peux te rouler dans ta propre fange, tu
ne m’éclabousseras pas ! Parce que moi, je n’ai plus qu’une moitié de vie pour inventer mon paradis !