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Chronique d'une séparation annoncée
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31 mai 2005

Il semblerait que P. vienne juste de comprendre

ce qui m'a sauté aux yeux il y a déjà un moment : que la scène qui s'est jouée le soir où, poussée à bout par ses sollicitations incessantes, je lui ai dit que je le trouvais moins "désirable" avec ses kilos superflus, je lui ai fait rejouer, bien involontairement, la scène initiale de son arrivée au monde avec sa mère... (cf la séance psy de T. hier, qui "cherche beaucoup (sa) mère", - chercher = "titiller" et chercher = "où est-elle" - T., à la fois miroir et reflet de son père au même âge...)

Il m'a dit ce matin comprendre enfin ce qui lui arrive. Il a retravaillé sur son mémoire à la lumière de ce que j'ai pu lui renvoyer lors de notre longue discussion de dimanche, m'a-t-il dit. Je lui ai aussi posé la question du "quel est le bénéfice d'entretenir la colère, et donc la tristesse et la souffrance." Je crois qu'il y réfléchit depuis deux jours...

Juste avant son retour j'avais écrit : "Oedipe, qui se crève les yeux lorsqu'il réalise qu'il a couché avec sa mère et tué son père." P. ne cesse de rechercher la fusion primoridale avec sa mère à travers son rapport aux femmes, et a tué son père symboliquement à travers une ascension sociale qui ne fait pas partie / va à l'encontre des schémas familiaux. C'est d'autant plus douloureux - et insupportable à accepter - que son père vient de mourir. J'ai eu le sentiment qu'il avait une sorte de déclic quand je lui ai fait part de mes réflexions. Il m'a regardée, et m'a demandé si j'étais consciente du chemin que j'avais parcouru. Et j'ai fondu en larmes.

Si seulement, au lieu de continuer à s'aveugler lui même, il pouvait recouvrer la vue... J'espère qu'il est enfin, VRAIMENT, sur le chemin de l'acceptation.

Je comprends soudain pourquoi cette histoire de ma reprise d'un travail était tellement cruciale pour lui. Tant que P. n'était pas dans l'acceptation (de son histoire, de ce qu'il est, de ce qu'il vit,...) il ne pouvait pas commencer un vrai travail (thérapeutique) de reconstruction (cf M.). Je comprends aussi pourquoi je ne peux pas le pousser dehors : parce que c'est encore faire ce travail à sa place.

Lorsqu'il aura accepté pleinement d'être ce qu'il est, - et de n'être "que" ce qu'il est - alors c'est lui qui décidera, en pleine conscience, de ce qui est bon pour lui :
- soit de nous donner une chance de reconstruire et de continuer à grandir ensemble,
- soit, fort de ce que nous aurons vécu et découvert de nos dysfonctionnements au cours de ces dernières années, aller construire une nouvelle histoire ailleurs, avec une autre, mais sur des bases nouvelles et (plus) saines...

Quelle que soit l'issue (et aussi douloureux que ce soit pour moi d'envisager la seconde hypothèse), nous en sortirons tous deux meurtris mais debout, entiers, vivants ; nous aurons beaucoup souffert, beaucoup appris, et beaucoup "grandi". Nous serons plus en paix avec nous même. Nous serons plus vrais, plus authentiques.

C'est, pour le moins, ce que j'espère.

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