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Chronique d'une séparation annoncée
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7 juin 2005

Lettre à mes parents

Comme je ne pouvais pas m'étendre au téléphone l'autre midi, j'ai décidé de vous adresser ce petit mot.

Non, maman, je ne vais pas très bien, nous n'allons pas bien du tout, P. et moi, particulièrement depuis l'été dernier. Le chemin qu'il fait est douloureux, pour lui, mais aussi pour moi. Nous traversons une des crises les plus graves que nous ayons connues.
Pour simplifier à l'extrême, disons que cela fait des années que P. ne se sent plus bien nulle part, ni dans son boulot, ni à la maison, bref, il est mal dans sa vie (Ah! la crise de la quarantaine !) Il ne voit pas comment faire la transition entre son poste actuel et son installation en tant que thérapeute,  ni comment pouvoir prétendre vivre rapidement d'une autre activité (nous sommes trois à dépendre de ses revenus) . Bref, il se sent coincé, piégé, dans une vie qui lui convient plus. C'est pourquoi, de mon côté, je cherche du travail, pour parer toute éventualité.

Les difficultés où je me trouve, ma répugnance à vous inquiéter en vous parlant avant, mais aussi mon besoin de donner un sens à ce qui m'arrive, m'ont poussée à entamer une thérapie, moi aussi, ce que j'ai appelé ma "sophro" : il s'agit en fait d'une sophro-analyse, qui, séance après séance, me donne la possibilité de faire resurgir des flots d'émotions liés à des événements inscrits dans ma mémoire (conscients) et/ou dans mon corps (inconscients). C'est un peu le même principe que l'osthéopathie : travailler sur la mémoire du corps, mais par des exercices de respiration et de relaxation, et évacuer les traumatismes qui peuvent surgir à cette occasion. Les résultats peuvent être surprenants...

J'ai eu besoin de cet accompagnement en janvier dernier, lorsque j'ai pris conscience que je ne m'en sortirais pas toute seule, qu'il me fallait de l'aide pour faire le tri de ce qui m'appartient ou pas dans ce que Philippe me renvoie.Il en fait autant de son côté, de telle sorte que chacun est parfaitement conscient de ses responsabilités dans la situation qui nous occupe.
Le parcours que j'ai entamé en sophro-analyse m'a fait prendre conscience d'un certain nombre de moteurs (ou de freins), qui régissent depuis longtemps mon comportement et mon rapport aux autres. Aujourd'hui, je suis mieux à même d'en comprendre les rouages et les incidences, et de me débarrasser de ce qui peut être nuisible, pour ne conserver que ce qui est sain et bon pour moi.

Si je n'ai rien dit avant, c'est que je ne voulais pas vous inquiéter à mon sujet, vous avez (eu) assez de soucis comme ça tous les deux. Mais G., et M-F., ma sophro-analyste, m'ont convaincue de vous parler, d'arrêter de vous "protéger" comme si vous étiez des enfants. Je me repositionne donc aujourd'hui en tant que fille, mais aussi en tant qu'adulte, face à des parents / adultes qui ont aussi essuyé les orages de la vie, et qui savent que vivre à deux n'est pas toujours ni aussi rose, ni aussi simple qu'on le voudrait...

Ce qui est sûr, c'est que, au milieu de ce chaos émotionnel, sentimental, que je traverse, je suis obligée d'affronter la réalité, je ne peux plus me voiler la face par peur du conflit ou du désamour. Du coup, puisque je n'ai plus peur de voir les choses en face, je trouve une grande force intérieure, et des ressources que je n'aurais pas soupçonnées. Je suis à la fois complètement déstabilisée par l'environnement, et du coup plus affermie dans les positions que je défends. Je ne suis pas sûre de bien me faire comprendre, mais nous aurons sans doute l'occasion d'en reparler.

Quoiqu'il en soit, ne prenez pas ce que je vous livre comme un fardeau supplémentaire à porter. C'est de ma vie, dont il s'agit, et c'est à moi de la gérer. Je n'attends de vous ni jugement de valeur, ni solution miracle, seulement un peu d'écoute et de partage lorsque j'en aurai besoin. Pas d'inquiétude, donc, 1. je suis une grande fille, 2. j'ai la chance d'être entourée d'amis formidables qui m'aident beaucoup, et 3. j'ai la musique, dans laquelle je me ressource régulièrement et trouve une pleine réalisation de ce que je suis profondément.

Voilà. J'espère que le coup n'est pas trop rude. Et j'insiste encore une fois : je vous fais part de ce qui m'arrive, je ne vous demande pas d'en porter le poids à ma place. Même si c'est parfois douloureux, je sais que j'ai des enseignements à en tirer pour continuer à avancer, et à "grandir"...<
Dans l'immédiat, je m'apprête à partir passer une semaine en Italie, du 12 au 19 juin, avec G., puisque nous avons été invitées à chanter en fin de séjour par le comité de jumelage : une semaine chez l'habitant tous frais payés, ça ne se refuse pas !

Vous voyez, la vie continue, un peu tordue parfois, mais si belle à qui sait saisir les bonnes et belles choses qu'elle procure...

Je vous aime et je vous embrasse fort.

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