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Chronique d'une séparation annoncée
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9 janvier 2006

La Sainte folie du Couple

la_sainte_folie_du_couplePaule Salomon

(Albin Michel)

Extraits de l’Introduction

« Le couple ne peut rester vivant que dans la mesure où deux êtres évoluent vers eux-mêmes. Ce n’est pas l’autre qu’il faut vouloir changer dans le couple, c’est soi-même. […]

Il y a au moins deux manières d’aimer. Un amour en creux qui fait qu’on aime pour revenir à niveau, pour essayer de combler ce manque, ce vide qu’on ressent en soi, et un amour en plein qui apporte un élargissement de l’être[…] Plus je m’ouvre, et plus la vie m’offre de possibles. Il s’agit donc d’apprendre à faire évoluer les choses dans le sens de l’ouverture […]

L’évolution a son parcours […] Je propose de distinguer sept cycles fondamentaux par lesquels nous sommes amenés à passer et repasser, jusqu’au moment où nous savons nous stabiliser dans un état d’ouverture heureuse à l’autre :

  1. Le      premier stade est le stade matriciel [ou fusionnel] du premier      couple avec la mère, du premier couple amoureux. Ces états amoureux      instinctifs qui répondent oui à la vie enferment l’être dans une bulle      bienheureuse mais encore inconsciente d’elle-même, une bulle de dépendance      fusionnelle qui ne peut que créer son contraire, une bulle d’indépendance.
  1. Le      deuxième stade est le stade patriarcal [ou de différenciation /      distanciation], le stade d’émergence dans le couple du besoin de distance      individuelle : mon cercle et ton cercle ne sont plus fusionnels. A la      faveur de cette distance nécessaire, la peur de l’autre, gommée dans le      premier élan, réapparaît et favorise le rapport de force. Qui domine      qui ? Mes besoins vont-ils passer avant tes besoins ou      inversement ? Dans la tradition patriarcale, l’homme a été préparé,      conditionné à dominer sa femme ;
  1. Ce      déséquilibre s’enkyste en un certain nombre d’années et fait le lit du      troisième stade, le stade conflictuel fermé ou ouvert. En fait d’intimité, le couple n’est que      lutte : tu es mon ennemi, seule ta défaite me permettra d’exister. Un      terrible combat s’engage sur cette illusion. La plupart des couples      explosent aujourd’hui à se stade-là.
  1. Le      quatrième stade est celui du couple éclairé qui parvient, en      faisant appel à l’intelligence, à prendre un peu de distance dans ce      processus passionné et destructeur. Qu’est-ce qui se passe ? A quoi      jouons-nous ? Comment sauver notre couple ? Il y a toujours un moment où cette      question se pose. C’est un moment important parce que l’être prend      conscience qu’il peut ne plus s’identifier avec ses pensées destructrices,      qu’il peut observer ses comportements, ses réactions et apprendre à les      maîtriser comme on dresse un animal fougueux. Toute la chance d’un être      pour sortir des ornières de la peur et de la violence se situe à ce      moment-là. En même temps, rien n’est encore gagné. Car il ne va pas      suffire de comprendre pour agir et bien des aller et retour, bien des      doutes et des espoirs alterneront à ce stade-là.
  1. […]      la plupart des couples vont faire un halte plus ou moins prolongée au      cinquième stade [le couple lunaire]. Si l’homme était dominant au      deuxième stade, c’est la femme qui va devenir dominante au cinquième      stade. Cette inversion des rôles est toujours extrêmement bénéfique pour      l’un et pour l’autre, elle fait partie du processus d’évolution. L’homme      se féminise [i.e. développe sa part féminine, entre dans      l’« être »]. La femme se masculinise [i.e. développe sa part      masculine, entre dans le « faire, l’agir » ]
  1. Au      sixième stade, deux êtres sont sur la voie de l’intégration du      masculin/féminin de ce paradoxe qui fait que tout en naissant de sexe      masculin ou féminin, chacun est amené à expérimenter de l’intérieur      l’autre polarité de l’être [c’est le couple d’androgynes]. Le sens      intérieur du couple est rejoint à ce moment-là et cette prise de      conscience permet aux deux partenaires de se regarder sur deux plans, un      plan extérieur plus associatif et un plan intérieur plus      « relié », plus spirituel parce que plus complet. L’union amoureuse était instinctive, fusionnelle et toute de fascination. Le mariage patriarcal n’était plus union, mais association et rapport de force. Il faut attendre le sixième stade pour retrouver le mot « union ». Il ne s’agit pas pour autant d’un couple idéal vivant dans des sphères éthérées. Le sixième couple est confronté à la découverte de ses limites dans le jeu dépendance/indépendance, mais il n’est plus guerrier, conflictuel et mortifère.
  1. Deux      êtres humains expérimentent les jeux du faire et le l’être au delà du      conflit et de l’antagonisme des sexes. Ces amants-amis se donnent      mutuellement de grands champs de liberté. Deux consciences libres      choisissent encore et encore de vivre ensemble. [c’est le couple      éveillé] »

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